Dénutrition et dialyse : qu’en est-il des bonnes résolutions de 2015 ?

Bernadette Gombert le 1 avril 2015

Aurélie Thiéry, diététicienne spécialisée en néphrologie, doit souvent aider les patients dialysés à éviter la dénutrition. Certains principes de nutrition peuvent améliorer l’effort des patients.

saumon Goya avec cadre

Nature morte 3 tranches de saumon- Goya

This photo for use on the website www.ramblingspoon.com ONLY All other uses prohibited DO NOT STEAL PHOTOS

Nature morte – Claude Monet

 

“A l’aube de la nouvelle année, nombres d’entre nous ont élaboré, parfois exprimé, parfois gardé secrètes leurs bonnes résolutions. Dans les journaux, magazines on retrouvait l’espoir de “se mettre au régime”, de perdre quelques kilos ou de manger plus sainement.

A l’ère de la culture de masse, on oublie que pour une minorité de personnes, la résolution diététique pour 2015 prend la forme d’une volonté de soutenir l’effort de manger suffisamment, notamment  assez de protéines pour les patients traités en dialyse.

C’est en effet le cas d’une patiente dénutrie vue le 2 janvier dernier en dialyse qui m’a déclaré : “en 2015, je me remets à manger !”

Nous savons combien il est difficile lors d’insuffisance rénale d’atteindre les besoins nutritionnels recommandés  pour plusieurs raisons : perte d’appétit engendrant une perte de poids, dégoût pour la viande, besoins nutritionnels augmentés (dialyse), nombreux médicaments, baisse de moral, hospitalisation, … Et comme il m’arrive de le dire souvent, dans ce cas, manger n’est pas qu’une question de volonté mais bien de capacité. Nous l’avons tous constaté un jour ou l’autre, au décours d’une “gastro” : manger sans faim relève du défi quotidien. On peut même ajouter que “moins on mange moins on a faim”, ce qui rend l’équation encore plus compliquée !

Pour sortir de ce cercle vicieux, connaître certaines astuces peuvent vous aider :

Pendant l'hémodialyse, la collation prévue augmente l'apport en protéines (photo HUG)

Pendant l’hémodialyse, la collation prévue augmente l’apport en protéines (photo HUG)

1) Le fractionnement alimentaire correspond au fait de manger plus fréquemment dans la journée : plutôt que de vous limiter à 3 repas principaux par jour, consommer en plus de vos 3 repas quotidiens plusieurs collations à insérer entre les repas. Il est notamment important d’éviter un jeûne nocturne trop long (> de 12h).

2) L’enrichissement de l’alimentation a pour objectif de rendre l’alimentation traditionnelle plus riche d’un point de vue énergétique et/ou protéique sans en augmenter le volume grâce à l’ajout par exemple de lait concentré ou en poudre, œuf, thon, poudre de protéines industrielle ou encore beurre fondu, huile, crème fraîche, sucre, confiture ou miel ( ces 3 derniers étant à éviter en cas de diabète)… Les potages, les purées ou encore les salades composées, les laitages et les desserts se prêtent facilement à ces enrichissements.

mucoviscidose-denutrition-complements-nutritionnels-oraux-definition

www.ecole-de-la-denutrition.com

3) Le recours à des Suppléments Nutritionnels Oraux (SNO)  produits hyperénergétiques et/ou hyperprotéiques, à mi-chemin entre l’aliment et le médicament, peut s’avérer utile pour compléter vos apports. Se présentant sous formes variées (boissons lactées, crèmes, jus de fruits, soupes…) ils peuvent être consommés à la fin du repas (et non pas à la place du repas !) ou au moment des collations. Notons enfin qu’il est primordial de goûter les différents types et marques de SNO pour trouver celui qui vous conviendra le mieux, l’offre étant plus large à domicile que ceux disponible aux Hôpitaux Universitaires de Genève et de tester différentes températures de dégustation (frais, température ambiante, chaud, selon le type).

Sachez enfin que si ces stratégies nutritionnelles s’avèrent insuffisantes, il faudra considérer des traitements de nutrition artificielle (par sonde ou voie veineuse pendant la dialyse), en accord avec votre néphrologue.

N’hésitez pas à en parler à votre diététicien(ne) ! Car d’autres paramètres peuvent s’ajouter dans votre cas : la gestion du sel, du phosphate, du potassium sans oublier la surveillance du volume des boissons…en effet ces conseils ne s’adressent pas à tous les patients de néphrologie mais sont spécifiques à certains patients dénutris, dialysés.

Photo HUG

Aurélie Thiéry (Photo HUG)

 

 

 

Et en attendant 2016, je vous souhaite un excellent appétit 😉 ! ”

 

 

 

 

 

www.insecula.com Nature morte 3 tranches de  saumon- Goya

www.devoir-de-philosophie.com Nature morte – Claude Monet

www.ecole-de-la-denutrition.com  Image des SNO 

 

Publié par Bernadette Gombert

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *